De l’art des bonnes résolutions
A l’aube de cette nouvelle année, certains auront pris de « bonnes résolutions ». Un terme bien souvent galvaudé et qui prête à sourire. Il est certain que dites à la légère, il est fort à parier qu’elles ne soient pas suivies d’actes… tout du moins à la longue.
Et si on les prenait au sérieux ? Et dans ce cas, comment s’y tenir ?
Je vous invite ici à reconsidérer les résolutions. A priori, on les prend pour notre plus grand bien, pétris de bonnes intentions dans l’élan du nouvel an qui promet le renouveau et se fait prétexte au changement. Mais on sait aussi qu’il ne sera pas facile de les maintenir et que cela nous demandera des efforts. Qu’elles soient envoyées à la volée comme un souhait à exaucer ou bien posées avec ferme intention, leur origine commune est un souci d’amélioration de notre qualité de vie.
D’ailleurs, elles constituent un exercice intéressant de mise à l’épreuve, un test d’endurance à l’effort. Car si l’objectif s’inscrit dans un plus vaste programme, il requerra un travail de longue haleine avant d’espérer en tirer des bénéfices.
Ce début d’année peut être aussi l’occasion d’une remise en question salutaire afin de rediriger son gouvernail et ainsi mieux viser la voie de l’épanouissement. C’est le moment de poser les cartes à plat pour voir quel aspect de notre vie demande à être développé, de redéfinir ses priorités et reposer les bases fondamentales de notre équilibre.
Faire de bonnes résolutions c’est donc définir des objectifs qui nous amèneront à plus ou moins long terme, on l’espère, une valeur ajoutée. Mais force est de constater qu’au début on met du cœur à l’ouvrage et que rapidement on s’y épuise. Cela nécessite donc la mise en place de stratégies anti-démotivation, anti-paresse et anti-tentation. Le principal défi consiste à être assidu et régulier. Quant au socle de la réussite, il n’est autre que la confiance en ses capacités.
Il est important cependant de savoir faire preuve d’indulgence envers soi-même, en ne se mettant pas trop de pression et en évitant de sombrer dans une paralysante culpabilité au regard de ses écarts. Cela pourrait prématurément mettre un terme à la poursuite de nos objectifs. Car poursuivre un but précis n’est pas incompatible avec des moments de lâcher-prise et de plaisir, tant que les écarts ne sont pas trop récurrents. A chacun de savoir s’écouter – mais pas trop – pour déterminer le bon dosage qui lui permettra de se sentir dans un juste équilibre.
Ceux qui gardent bon le cap, les plus persévérants, seront ceux qui n’auront pas perdu de vue leur ligne de mire même dans les moments de difficultés. Pour faire le parallèle en sophrologie, vous serez amené à entraîner votre capacité de projection positive par des visualisations. On encourage ainsi le principe qui consiste à dire que toute pensée tend à devenir une action.
En effet, prendre des résolutions est affaire de volonté, d’engagement envers soi-même et de concentration. Il faut donc s’assurer qu’il s’agit bien de nos résolutions et pas de celles qui viennent de l’air du temps ou bien encore de celles appuyées par notre entourage. Car c’est avant tout une question de motivation personnelle, seul vous savez ce qui est bon pour vous et si vous êtes prêt à telle ou telle concession.
Certains seront ambitieux, trop peut-être, tandis que d’autres auront de plus modestes intentions. C’est selon le niveau de confiance en soi. D’où l’intérêt de se fixer des objectifs réalisables, de leur donner des délais et de procéder par pallier. Plutôt que de regarder le sommet et vouloir griller les étapes pour l’atteindre plus rapidement ou rester pétrifié à l’idée de la longue ascension qui nous attend, on peut choisir d’éviter à juste titre de s’en faire toute une montagne.
Comment ? La première démarche consistera à les fixer par écrit avec clarté et précision.
En procédant par pallier, en se fixant des délais, en définissant des objectifs concrets et réalisables et en posant rapidement un premier acte. Si rien n’est acté, il est facile de s’en détourner happé par le quotidien. Ce dernier est donc essentiel, il permet de ne pas rester dans l’abstraction en évitant de laisser la place à une mise à distance. Il sera toujours plus abordable et agréable de cheminer sur de courtes distances. Il en va de même, dans une logique facilitatrice, de définir un ordre d’importance à l’ensemble de ses résolutions. A tout aborder d’un bloc le risque d’abandon est plus fort. Économie de temps et d’énergie oblige.
Il faut cependant rappeler que le niveau d’exigence envers soi-même ne devra pas se substituer à l’auto-bienveillance. De manière générale, se donner le droit d’être faillible est capital.
Dans la vie je ne perds jamais, soit je gagne, soit j’apprends
Nelson Mandela
Car dans le fond, que nos résolutions soient humbles ou ambitieuses, que l’on parvienne à leur réalisation ou pas, ce qui compte est de tendre vers ses idéaux. Nelson Mandela disait bien : « Dans la vie je ne perds jamais, soit je gagne, soit j’apprends ». Je pense que le réel échec est de ne point tenter et que c’est chemin faisant que l’on acquiert l’expérience qui nous permettra d’évoluer sur notre voie.
Dans les moments de laisser-aller, plutôt que de faire l’autruche ou de culpabiliser, il sera utile de se rappeler le pourquoi de nos résolutions. Vouloir honorer son engagement constitue un principe qu’il est d’autant plus aisé de maintenir lorsqu’on ne perd pas de vue son sens. Imaginer les potentiels bienfaits ravive la motivation nécessaire à la concrétisation de ces résolutions.
On peut également se rappeler nos réussites, ces moments où l’on a fait preuve de persévérance et où cela a été récompensé. C’est aussi un exercice utilisé en sophrologie. En se remémorant nos expériences positives, on fait remonter les capacités dont on a su faire preuve afin de les ramener présentement pour être en mesure de les remobiliser à l’avenir.
C’est un travail de longue haleine qui apportera son lot de satisfaction. Quand on se rend compte que l’on peut influer positivement sur notre vie, on se sent moins trimballé par ses aléas et plus puissant. On acquiert une force qui initie un cercle vertueux. Certes, il y aura toujours des hauts et des bas mais la synthèse des courbes résultera ascendante.
Le sommet paraîtra par moment inaccessible, mais imaginez si tout nous était donné en un claquement de doigts… l’enthousiasme serait vite usé. Ce dernier élément moteur ne repose-t-il pas sur cette marge de progression et cette part de rêves inassouvis ?
J’en entends encore qui se disent : à quoi bon faire de bonnes résolutions si c’est pour les abandonner dans quelques temps ?
Ils préféreront donc s’abstenir, fonctionnant certainement plus à l’instinct, sans forcément élaborer de plans. Sans compter ceux qui craignant l’échec, partiront défaitiste avant d’avoir essayé. A moins qu’ils ne fassent partie de ceux qui sont suffisamment satisfaits pour ne rien vouloir changer…
Il se pourrait bien qu’il s’agisse là d’un moyen de ne pas se mettre à l’épreuve et de rester dans sa zone de confort. Certes, rien ne se concrétise sans la motivation et le bon moment n’est peut-être pas venu. Il faut dire aussi que les bonnes résolutions paraissent souvent accessoires, comme ces quelques cerises sur la chantilly. Soit, il est tout à fait possible de s’en passer.
Mais que risque-t-on et de quoi se prive-t-on à ne jamais en faire ?
A vivre dans la continuité du passé ou au grès du vent de nos envies, à reproduire inlassablement les mêmes comportements qui entravent notre progression, on risque simplement l’ennui et peut-être bien les ennuis sur le long terme. Et si l’on devait cesser de se soucier de quels sont nos souhaits, il est fort à parier qu’insidieusement le consumérisme s’en chargerait. C’est donc se priver d’une liberté qui nous est donnée d’apporter des bienfaits et un mieux-être à notre vie.
Tâchons donc de rester vigilant, car à attendre que toutes les conditions soient réunies ou à s’en remettre au destin, nous nous illusionnons gentiment, élaborant malgré nous un échappatoire au bonheur.
Personnellement, je n’attends pas le nouvel an pour me donner de nouveaux engagements. Ni réfractaire à l’idée, ni adepte, je me situe à mi-chemin. Disons que je sais écouter la petite voix des bonnes résolutions quand elles se présentent à moi. Cependant, je refais souvent le point et à l’occasion je reprends mes listes.
Non, pas mes listes de courses mais mes listes d’actions et de projets en tout genre. J’en tiens deux.
Pour ce qui concerne les petits défis du quotidien, je tiens une to do list hebdomadaire qui m’aide à ne pas oublier ces petites actions qui misent bout à bout œuvrent dans un souci de cohérence d’un projet de vie plus vaste.
Quant aux défis plus grands, j’ai LA liste que je mets à jour dès que de nouveaux projets se profilent. Car réaliser les projets qui me tiennent à cœur fait partie depuis longtemps de mes bonnes résolutions.
Les écrire me permet de leur donner une forme d’existence et de pouvoir les déposer un temps sans les perdre de vue. Depuis quelques années déjà, je suis satisfaite de voir l’évolution de cette liste, de petits et grands rêves ont vu le jour à partir de cet écrit et j’en tire une grande satisfaction.
Elle évolue avec moi, au fil du temps je remarque que des idées se regroupent tandis que d’autres se précisent. Et comme pour mon armoire, j’aime y faire le tri de temps en temps.
Mais cette liste n’est pas magique, je ne lui dois pas beaucoup plus qu’à moi-même car elle est simplement le miroir de ma volonté. Elle est un outil pas un moyen.
Je conclus donc en disant qu’il en va de même de notre liste morale de bonnes résolutions. Soyons lucides et bienveillants en tâchant de les inscrire dans une œuvre globale pour poser des actions en adéquation avec nos profondes aspirations.